Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 12:45

Du thé

 

 

 

C’est bon Coca-cola.
Mais je préfère du thé, s’il te plaît!
C’est bon du thé avec du méchoui,
Non?
Même avec du couscous
Je n’aime pas boire ce coca.
Ce que j’aime, moi, c’est
M’asseoir là, sous cet arganier,
Du rôti à la main
Et du thé;
Et, du fond du cœur de Radio Rabat,
Vient la voix de Rouicha
Chanter l’amour des montagnes.
Je ferme alors les yeux :
Je vois la neige et l’amour des sourds,
J’entends le guenbri pleurer à qui veut l’entendre;
Et je pense à mon âme jumelle,
Celle qui est là-bas à Rabat.

 

 

Un vrai régal

 

 

Non, on ne met pas de farine
Dans un tajine;
On n'y met que la meilleure viande
Et les meilleures légumes,
De l'huile aussi,
Des épices, et du sel.
Ne me dis pas que tu ne sais pas
Ce que c'est qu'un tajine.
Tu sais bien que c'est un régal
De prendre place
Autour d'un tajine
Cuit à feu doux sous un olivier
Loin des vaches et des coquelicots
A l'abri du soleil de midi.
Et après le tajine,
On prend du thé:
Mais du thé à la menthe et à la chiba.
Oh comme il est doux!
De manger et de boire au douar
Tout près de grand-mère
Et des petits.

 

 

Pour le plaisir de Monsieur Papa !

 

 

Oh Maman!
Oh jolie Maman!
Que c’est joli ça, non?
Tu me dis, Mehdi,
Ne fais pas de bêtise!
Prends un dirham du beztam°
Et vas chez l’épicier du coin
Achète-toi un petit pain
Et fais attention à la circulation!
Comme ça je vais à l’école
Avec un petit pain
-Un tout petit pain-
Alors que les copains
Y vont le ventre plein
Mais moi,
-Tan pis pour moi!-
Je vais à l’école
Avec un petit pain
Car Maman
-Pauvre Maman!-
N’a pas pu dormir tôt la nuit
Car Papa
-Salut Papa!-
Ne l’a pas laissée dormir,
Juste pour son plaisir!
Et moi
Je vais le matin à l’école
Avec un petit pain
Et j’apprends l’Espagnol!
Oh que c’est joli!
Dites à Maman:
Ne t’en fais pas!
Et à Papa:
Bonne nuit!

° Bourse, porte-monnaie en dialecte marocain.

 

 

Cette fameuse Amérique

 

 

Qu’elle est curieuse cette fameuse Amérique !
Elle est belle quand ses Boeings tendent leurs ailes
Dans le ciel.
Dans certains cas,
Comme sur Voice of America,
On est devant une Amérique plutôt biblique.
Mais cette même Amérique devient vite diabolique
Quand ses flics dansent au rythme
De la musique venue d’Afrique
En passant par la Jamaïque.
Puis vite –Hop !– elle est islamique, cette Amérique
Quand ses imams parlent d’islam
A Washington Square
Et de la guerre
Sur jannah.com
En même temps elle distribue des condoms.
Et charme des gens de tous les coins
Avec un certain "Welcome"
Et les fait venir de loin.
On la craint, cette Amérique, mais on l’admire ;
On ne la comprend pas, mais on ne peut que finir
Par l’aimer :
Surtout quand on voit ses travailleurs, ses bâtisseurs,
Ses génies et ses penseurs
Comment ils meurent
Pour rendre ce monde beau comme une fleur.
Bref, on est pris de stupeur
Quand cette Amérique-là nous fait peur.

 

Et c'est comme ça !


Attention !
Que tout le monde sorte !
On ferme les portes :
On délocalise.
Aidez-nous à faire nos valises.
Nous vous donnerons un double salaire
Comme un bon souvenir
Pour atténuer vos galères
Qui vont bientôt finir !
¡Adios Amigos!
Hélas pour ceux qui n'ont plus de place
Dans le système qui manque de barème.
Amen.

 

 

Quand on chôme

 

 

Quand on chôme
On est comme des pommes
De terre jetées par terre:
On pourrit.

Quand on chôme
On se cache et joue à cache-cache
Comme des souris.

Quand on chôme
On se souvient de Dieu
Et l'on prie.
Mais quand on ne chôme plus
On ne prie plus.

Quand on chôme
On devient fou:
On brûle et on casse;
Quand on ne chôme plus
On devient plus doux
Que Julio Iglisias:
On devient des pommes bien emballées;
On s'exhibe comme des princes au palais,
Et l'on parle des chômeurs
Comme d'un match de foot.

 

La Chanson du Meskine

J’ai faim et ma faim n’a pas de fin.
S’il y a plein de pain dans les magasins
Il y a peu de sous dans ma main,
Et quand je vois ces sous dans ma main
Je pleure,
Mes enfants pleurent avec moi.
J’aurais aimé leur acheter du beurre
Ne fût-ce qu’une fois par mois.
Mais le beurre est plus cher que les fleurs !
Que dire alors de la viande
Quand les bêtes se vendent à prix d’or ?
Que dire alors du sucre ?
Que dire de l’huile ?
Des gens rêvent de l’or,
Moi, je rêve du sucre et de l’huile !
Je rêve d’un morceau de fromage,
Mais –dommage ! – mes rêves
Ne sont que des nuages !
Je ne peux pas mendier.
Je ne veux pas mendier.
Je ne dois pas mendier,
Et pourquoi devrais-je mendier
Alors que mon pays
N’a pas faim, lui ?
Mais oui,
Il y a beaucoup de Mercedes dans mon pays,
Il y a beaucoup de châteaux dans mon pays
Moi je ne rêve pas de princesses
Ni même de gâteaux
Je veux seulement du pain
Pour mes petits.
Aux riches et aux nobles le couscous et le rôti !
Moi je ne veux que du pain et du beurre
Pour mes petits !
Moi aussi j’aime mon pays
Moi aussi j’aime mon Roi
Mais –ma foi–
Que mon pays m’aime, lui aussi,
Autant que moi, ou quoi !

 

Malade

Malade, oui, je suis malade.
Oui, ça y est :
Aucune balade ne me rendra le sourire.
Aucune salade n’arrêtera mes soupirs.
Non, ça y est :
Ne me donnez plus de sirop, plus de pommade,
Ça ne changerait rien, rien à mon mal,
Je resterai le visage pâle, l’air maussade.
Faites-moi du bien
Et laissez-moi dire mon émoi pour la dernière fois !
Car je sais que c’est fini
Il ne reste plus que la façade.
Ne me parlez pas d’opération
L’opération est une belle opération
Pour le chirurgien,
Lui qui prendrait l’argent
Mais pour moi, qui n’ai rien, ni or in argent,
L’opération est une abberration
C’est un luxe dont je ne rêve pas.
Laissez-moi tranquille.
Ne pleurez pas devant moi.
Je sais qu’un jour vous ferez un tour
Au cimetière,
Et qu’après la prière
Vous me mettrez dans un trou
Et vous reviendrez manger du couscous.
Alors pardonnez-moi si je tousse,
Pardonnez-moi si je fais pipi dans mon lit,
Pardonnez-moi si je vous dit Adieu !

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de poésie de Mohamed Ali Lagouader
  • Contact

Recherche

Toujours Ma Poésie !