Mon cœur est trop petit pour toi.
Mon cœur est trop sale pour être ta demeure.
Mon cœur que se partagent l’argent et la foi
Ne peut accueillir le Seigneur !
Mon cœur qui s’enflamme à la vue d’une femme,
Mon cœur qui a peur de la mort,
Ne peut aimer celui qui a fait mon âme,
Qui a façonné mon être et arrêté mon sort !
Tu es trop grand pour mon petit cœur.
Tu es trop fort pour le plus grand amour,
Toi que je n’oserai comparer à une fleur
Ou à une belle chose de tous les jours !
Je peux mentir à une femme ;
Je peux lui dire les plus belles rimes.
Mais c’est ce que n’oserait mon âme
Faire pour te plaire, toi, le Sublime !
Tu n’as pas besoin de mes vers.
Tu n’as pas besoin de mes larmes ou de mes soupirs.
Et si je pouvais t’aimer, toi, qui m’as tout offert,
Ce ne serait que pour ton propre plaisir !
Je sais que tu aimes d’autres âmes que moi.
Je sais que tu penses à d’autres cœurs que le mien.
Mais je ne saurais être jaloux pour ça :
Si tu penses à moi une seconde, ça me ferait du bien !
Je sais que l’on vénère d’autres dieux sous d’autres cieux,
Je sais que l’on leur apporte toutes les offrandes ;
Je sais que l’or et l’argent enivrent les yeux ;
Je sais qu’on est faibles devant la beauté du monde.
Mais je sais aussi que je ne pense pas à toi tout le temps–
Moi qui prétends pourtant croire que tu es le Seul Dieu !
Et je sais que j’ai péché pendant trop longtemps,
Alors que dirais-je de ceux qui vénèrent d’autres dieux !
Est-ce que tu me permets de te dire : Pardon ?
Est-ce que tu me permets de te dire : Je t’aime ?
Ou est-ce que ce serait un mensonge cette demande de pardon ?
Ou est-ce que tu prendrais ce poème pour un blasphème ?
Ô Allah, pardonne-moi !